
Dans ces essais marquants, W. G. Sebald parle d’une façon inédite de neuf grandes personnalités de la littérature autrichienne, parmi lesquels Schnitzler, Kafka, Canetti, Bernhard, Handke... Il place au centre de ses études la condition psychique de l’écrivain, mais aussi ses souffrances liées aux faits politiques de son époque, et s’interroge : “Ceux qui se donnent la peine de décrire le malheur ne témoignent-ils pas de son possible surpassement ?”
Alors que l’écriture d’une œuvre peut protéger son auteur de la folie comme Lacan l’a montré pour Joyce, certains au contraire en meurent. C’est à résoudre cette contradiction que s’attache Franz Kaltenbeck en lisant des écrivains célèbres des XIXe, XXe et XXIe siècles, diagnostiqués comme mélancoliques. Il les considère comme des puits de savoir sur leur mélancolie, longuement décrite à travers leurs fictions. S’appuyant sur sa solide connaissance du texte freudien, il en tire des idées nouvelles grâce à un récit de Kafka. On comprend, à le suivre, que ce qui a d’abord résisté à la mélancolie chez ces auteurs a subi par la suite une défaite mortelle. L’écrivain américain David Foster Wallace met particulièrement ce phénomène en évidence : il dit qu’une catastrophe, qu’il identifie de loin sans pouvoir la maîtriser et la transformer par l’écriture, l’attend au tournant comme les tornades sauvages de son enfance dans le Midwest. À l’instar de Kleist, Stifter, Nerval, Celan avant lui, il s’est suicidé au sommet de son art.
3 parties : 1) Travaux de recherche réalisés en France sur l'Autriche (Thèses de doctorat d'Etat, thèses de 3ème cycle, maîtrises.) 2) L'enseignement sur l'Autriche dans les universités françaises. 3) Activités extra-universitaires. Cet ouvrage donne une représentation de la part accordée à l'Autriche dans les études de "Littérature et civilisation allemandes.
Au XVIIIe siècle, Vienne connaît un véritable âge d’or. De Joseph II à Metternich, Marcel Brion nous décrit l’histoire d’une ville, cœur de l’empire des Habsbourg, mais aussi celle d’une génération, insouciante et frivole. Les Viennois font de leur vie quotidienne une fête perpétuelle. En tous lieux – dans la rue, sur le Prater, à l’opéra – et en toutes occasions, ils se divertissent : musique, théâtre, danse... Dans la capitale européenne de la musique, la valse règne en maître ! Dans les coulisses s’écrit aussi l’Histoire : le congrès de Vienne, l’avènement de la bourgeoisie, les bouleversements politiques, sociaux et le début de la Révolution en 1848 qui signent la fi n de cette « belle époque ».
Cet ouvrage est une réédition numérique d’un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d’origine.
A-t-on séjourné chez des amis que la courtoisie oblige à les en remercier par une missive appelée lettre de château. L’auteur de ce livre, qui a eu la chance de côtoyer un peintre (Delvaux), des romanciers (Hyvernaud, Villiers de l’Isle-Adam), des essayistes (Barthes, Quignard), des poètes (Follain, Ghil, Jaccottet, Ponge, Reverdy, Tardieu), a souhaité leur rendre hommage. Il en a résulté ce livre. Son lecteur pourra y discerner des motifs de prédilection et peut-être une méthode. L’auteur n’a pas souhaité les expliciter, persuadé qu’il est que la littérature n’exprime jamais que des singularités. Et qu’il est nécessaire, aujourd’hui plus que jamais, de les affirmer, comme autant de mots de désordre propres à désorganiser les savoirs convenus de la critique.
Qu'y-a-t-il encore à dire sur la Shoah ? Cet ouvrage analyse les manifestations du souvenir dans les romans des trois écrivains, célèbres en Autriche et encore peu connus en France. La réflexion menée sur la fin de l'Histoire - dont Auschwitz figure la « suprême inhumanité » - et sur son dépassement présente le double intérêt de rejoindre les interrogations les plus actuelles sur l'Histoire et ses liens avec la mémoire et l'oubli, le mythe et la fiction, tout en mettant en relief la spécificité de cette littérature : pointer du doigt un passé occulté et chercher une voie de réconciliation entre juifs et non-juifs qui, seule, permettrait d'envisager un avenir meilleur.
Ces 21 contributions offertes à Gerald Stieg par ses collègues et amis de l'UFR d'allemand de la Sorbonne nouvelle reflètent, par leurs sujets et leurs approches, toutes les facettes d'un institut où, comme enseignant, mais aussi comme directeur et comme animateur de l'équipe de recherche, il a joué un rôle éminent. Variant le théme de l'identité, elles rentrent en résonance avec les rôles multiples que Gerald Stieg a assumés dans sa vie professionnelle, mais aussi avec son double enracinement autrichien et français.
Préface de Darian Leader, psychanalyste à Londres. « Pourquoi un être humain se donne-t-il la mort ? Dés sa parution, Clinique du suicide s'est imposé comme une contribution essentielle à l'étude de cette question énigmatique qui convoque ici psychanalystes, philosophes, critiques littéraires et anthropologues. Si le cadre de ces essais est psychanalytique, leur portée est incontestablement plus large. Les '' épidémies '' de suicide qui ont attiré l'attention du public ces dernières années - chez France Télécom en Europe, chez Toyota et d'autres entreprises en Asie - témoignent de ce changement radical de la vie moderne. L'individu en est réduit à n'être, sur le marché, qu'un agent de la compétition pour l'obtention de biens et de services. Les aspects de sa subjectivité qui ne peuvent devenir les acteurs d'aucune de ces opérations dites de '' ressources humaines '' font retour dans le réel sous la forme de suicides comme effets de la conception libérale moderne de la vie humaine. L'ironie de l'affaire est que, plus le suicide devient la chose à éviter à tout prix, plus régresse la compréhension réelle du suicide. Le manque à savoir du sujet sur...
Tout le monde connaît Un livre un jour, l’émission d’Olivier Barrot, qui entre dans sa quatrième saison. Cette chronique de deux minutes diffusée sur France 3 à 18 h 50 réunit tous les jours quelque quatre millions de téléspectateurs, ce qui en fait, et de loin, l’émission littéraire la plus courte, mais aussi la plus regardée d’Europe. Le guide « Un livre un jour 1995 » présente les meilleurs ouvrages publiés depuis un an. D’une saison à l’autre, d’un prix Goncourt à l’autre, et avec éclectisme, il recense et rend compte des livres les plus marquants : romans français et étrangers, essais et biographies, livres de voyages et de cuisine, ouvrages pour les enfants et bandes dessinées, romans policiers, livres d’art, de poche... On trouvera ici tout ce que l’année littéraire a produit de plus mémorable, indexé par genres, mais aussi par auteurs et par titres.
Belle blonde plutôt discrète, Anna Gemini est devenue tueuse à gages pour subvenir aux besoins de son fils, Carl, adolescent handicapé qu'elle couve comme une poule. Peu après avoir éliminé proprement un ambassadeur norvégien, Anna croise la route de Markus Cheng. Autrichien pur jus malgré ses origines chinoises, Cheng est un détective privé froid comme un poisson. Il est viscéralement attaché à son vieux chien et a perdu sa femme ainsi qu'un bras au cours d'enquêtes précédentes. En revanche, il a gardé un cerveau qui ne cesse de phosphorer. Dans l'ancienne capitale de l'Empire austro-hongrois, il semblerait qu'il ne soit pas le seul dont l'esprit est en fusion. Au coeur de cette enquête tissée de faux-semblants : la formule secrète de la première Eau de Cologne 4711 détenue par des moines chartreux. Dans ce roman brillant, ironique et raffiné, Heinrich Steinfest mêle les intrigues comme des filets pour mieux serrer sa proie : l'homme et ce qui lui passe par la tête, avec un anticonformisme réjouissant et un sens aigu de la provocation.
Dans quel espace l’œuvre de Peter Handke chemine-t-elle entre les années 1960 et les années 1980, entre ses débuts et son évolution actuelle ? Entre l’Autriche, pays natal de l’écrivain, et l’étranger, terre d’élection, selon les méandres d’une vie vagabonde, dont les retombées littéraires témoignent d’une même polarité : les récits, pièces de théâtre, essais et transpositions que Peter Handke a produits jusqu’alors cultivent intériorité et provocation, égarements et certitudes comme si la seule réponse possible au défi de l’existence était l’écriture, ou l’art de concilier déraison et sagesse. C’est cette pente singulière d’une Sagesse déraisonnable qu’Isabelle Bernard-Eymard, maître de conférence à l’université de Nancy, a choisie de suivre pour dire la séduction d’une œuvre de méditation qui est et restera suspendue à l’avenir.
C’est l’âge d’or de la “ville heureuse” que ressuscite Marcel Brion. La vie à Vienne est alors une fête perpétuelle : le Viennois aime passionnément tous les spectacles. La musique, depuis les gémissements de l’orgue de Barbarie jusqu’à la maîtrise de la Hofmusikkapelle, des claires guinguettes de banlieue au cadre fastueux de l’opéra. Le théâtre aussi : théâtre dans la vie puisqu’il faut donner l’apparence d’une entière félicité, se créer l’illusion du bonheur, mais aussi la vie au théâtre puisque, plusieurs fois par semaine, le Viennois va chercher sur la scène l’illusion du vrai, mais d’une vérité parée d’un peu de féerie. Tout cela n’est rien sans la danse : vivre pour danser, mourir à force de danser, le Viennois ne pense guère à autre chose. Et de toutes les danses, la valse. La valse, en effet, c’est la danse vertigineuse, l’envol poétique, la griserie qui fait tout oublier. La valse, le violon, Strauss... D’une « fête à l’autre, le spectacle est dans la rue et sur le Prater où se pressent les Viennois, toujours à la recherche de la surprise, immenses kermesses de Sainte-Anne ou de Sainte-Brigitte,...
Des documents inédits ou non traduits jusque-là nous révèlent à quel point Heidegger s'est consacré à introduire les fondements du nazisme dans la philosophie et son enseignement. Dans son séminaire, à proprement parler hitlérien, de l'hiver 1933-1934, il identifie ainsi le peuple à la communauté de race et entend former une nouvelle noblesse pour le IIIe Reich, tout en exaltant l'éros du peuple pour le Führer. Or, contrairement à ce qu'on a pu écrire, loin de s'atténuer après 1935, le nazisme de Heidegger se radicalise. En juin 1940, il présente la motorisation de la Wehrmacht comme un « acte métaphysique », et, en 1941, il qualifie la sélection raciale de « métaphysiquement nécessaire ». Après la défaite du nazisme, ses prises de position sur le national-socialisme et les camps d'anéantissement viendront, par ailleurs, nourrir le discours de mouvements révisionnistes et négationnistes. Sans jamais dissocier la réflexion philosophique et l'investigation historique indispensable, E. Faye montre que les rapports de Heidegger au national-socialisme ne peuvent se résumer au fourvoiement temporaire d'un homme dont l'oeuvre serait restée intacte. En...
A la frontière de la nature et de la civilisation surviennent ce que nous nommons des «catastrophes». Ces phénomènes ont fasciné nombre d'écrivains de la Suisse moderne qui ont contribué à la culture de la catastrophe par de multiples scénarios d'effondrement, dans les quatre langues du pays. Qu'est-ce qui les a incités à se passionner pour ce thème ? Peter Utz montre comment la littérature fait de la catastrophe le versant sombre de l'idylle alpine : lorsque au XIXe siècle, il s'agira de fonder l'identité d'une nation qui se construit sans ennemi extérieur, la catastrophe prendra une valeur essentielle en forgeant une communauté de destins. L'art de l'auteur est de développer la présentation des œuvres choisies par période et par thème, ce qui ouvre d'innombrables pistes de lecture : Jeremias Gotthelf et Gottfried Keller, Cendrars et Ramuz, Friedrich Glauser, Friedrich Dürrenmatt figurent parmi des dizaines d'autres écrivains. La richesse des exemples fait de ce livre une référence sur la littérature suisse, mais aussi sur la culture littéraire de la catastrophe dans la modernité. Peter Utz, germaniste, est professeur à l'université de Lausanne. Il ...
Juillet - août 1988
Le paysage et la guerre : Du champ de bataille au paysage de guerre, des talismans de pierre : les sources ésotériques de l'architecture militaire, l'épouvantable grandeur: Elie Faure et les paysages de la bataille, sémiologie de la destruction ... et signes d'espoir et paysage en guerre : le cas du cinéma.
L'hiver ne signifie pas la même chose selon que l'on habite le Nord ou le Sud, la plaine ou la montagne, la campagne ou la ville. Que la réalité de cette mauvaise saison soit plus riche et plus variée que la série d'images stéréotypées qui encombre nos imaginaires justifiait amplement que François Walter, curieux de tout et qui n'aime pas se laisser enfermer dans une seule discipline, en fasse un objet d'histoire.
Alors que Berlin est redevenu capitale culturelle de l’Europe, le domaine de la littérature allemande couvre plus d’un millénaire et s’étend de la Lorraine jusqu’aux pays baltes et à la mer Noire.En quelque 250 articles empruntés à l’Encyclopaedia Universalis, ce Dictionnaire de la Littérature allemande rend compte de cette extraordinaire diversité. Les écrivains occupent évidemment la majeure partie du sommaire, mais les écoles, les genres et les époques font l’objet d’articles chaque fois que nécessaire.Les auteurs sont, comme il est de règle dans l’Encyclopaedia Universalis, des experts reconnus des sujets traités. Indispensable au spécialiste, ce Dictionnaire est aussi pour l’amateur et l’étudiant le plus stimulant et le plus sûr des guides.
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