Matière et lumière dans le théâtre de Samuel Beckett
Auteure: Arnaud Beaujeu
Nombre de pages: 388
Toujours en cheminement (« [...] comme frères mineurs vont leur chemin faisant » ) vers un insaisissable point, « éternel tiers » ou « ici-loin », Beckett ne cesse de nous prévenir, comme Pascal en son temps, de deux erreurs fatales : « 1° prendre tout littéralement. 2 prendre tout spirituellement. » En acceptant l’inconnaissable, au carrefour de trois voies (la matière, le langage, la lumière), l’auteur a su convertir l’esprit trivial irlandais – cette lande ironique, quoique parfois mystique - en chair spirituelle, en langue (a-)visuelle. Le langage beckettien – pas forcément textuel, lorsqu’il est théâtral, radiophonique, télévisuel... - œuvre à la « transsubstantiation » de la matière en lumière, relie le concret à l’abstrait, bien que la lumière puisse encore être de l’ordre du phénomène, en tant que vestige d’un big-bang esthétique inédit. Pour Beckett, face à la mise en doute de « l’être-là » comme de « l’au-delà », j’ai préféré employer la notion d’« autre-là ». Car « [...] il n’y a rien ailleurs », tout est dans « l’autre-là » d’un passage luminescent, d’une trace, un mirage, ou d’une...