La chanson de Roland dans les littératures française et espagnole au Moyen Âge
Auteure: Jules Horrent
Nombre de pages: 541Il est des fictions universelles, qui ont été accueillies par tous les peuples d’Europe ; il est des fictions accessibles seulement à quelques peuples. La dramatique aventure des amours de Tristan et d’Iseut est de celles-là, la Chanson de Roland, de celles-ci. Tandis que la légende de l’amour plus fort que la mort éveille partout des résonances endormies, le récit de la mort héroïque du neveu de Charlemagne ne dépasse qu’accidentellement les marches de la chrétienté occidentale. C’est que l’idéal de ce récit est celui de cette vaste communauté, unie par et pour la lutte contre l’ennemi religieux et politique, contre le Sarrasin qui fait peser sa menace en Espagne et en Moyen-Orient. La Chanson de Roland est la geste de l’Occident militant. Aussi la voyons-nous se répandre dans toutes les littératures occidentales. La France, qui l’a imaginée, vibre à ses accents martiaux pendant toute l’ère médiévale ; l’Allemagne et la Flandre, unies dans la défense conquérante de la chrétienté, s’exaltent aussi en entendant chanter les exploits de Roland et de ses preux. Loin dans le nord, la Scandinavie en recueille les échos ; et, dans leur...