
Où l'on retrouve Birahima, l'enfant-soldat des guerres tribales de Sierra Leone et du Liberia. Maintenant démobilisé, il se débrouille à Daloa, une ville du Sud de la Côte-d'Ivoire où il exerce la fonction d'aboyeur pour une compagnie de gbagas, les taxis-brousse locaux. Mais il rêve toujours de richesse et de gloire. Surtout, il n'a d'yeux que pour Fanta, belle comme un masque gouro. Lorsque la fille décide de fuir vers le Nord, Birahima se propose comme garde du corps. Chemin faisant. Fanta entreprend de faire l'éducation de son jeune compagnon. Elle lui raconte l'histoire de leur pays, des origines à nos jours, que le gamin interprète à sa façon naïve et malicieuse. Et puis que ne donnerait-il pas pour boire ainsi les paroles de Fanta ?
"Ce sont justement les piques de résurgences culturelles qui font l'intérêt de l'oeuvre de Kourouma. Son écriture s'enracine dans sa culture qui lui donne l'objet et le référent de son discours. Entendons "culture" ici dans sa double entrée d'atavisme structurel et anthropologique et par ailleurs de modulations exogènes de savoir et d'acquis. Mes réflexions géocritiques sur l'oeuvre d'Ahmadou Kourouma s'originent dans l'analyse des lieux et des espaces de création de l'auteur. Il s'agit de lieux culturels, de lieux mémoriels, de lieux thématiques qui en appellent à l'espace du style, à l'espace du sens. L'espace de création de Kourouma qui intègre son environnement culturel, sa mémoire, sa page blanche, son auditoire et son locus amène à comprendre dans ma perspective que tout est spatial. L'espace cerne le tout, l'art et la vie". Une nouvelle grille de lecture apposée à l'oeuvre déjà richement commentée de Kourouma, voici ce que propose Bi Kacou Parfait Diandué avec ces contributions plurielles, aussi denses que pointues, placées au plus près des textes romanesques dont il renouvelle l'interprétation. Un travail exigeant et stimulant donc que ces...
La variété et la richesse de la mythologie africaine suscitent toujours l'intérêt des mythologues, ethnologues et chercheurs en littérature. La vision commune des chercheurs a fini par établir que le mythe est une disposition mentale traduisant le besoin de restituer par une "forme simple" ou un "geste verbal" les origines sacrées. Les auteurs des différents articles de cet ouvrage interrogent, en partant de la labilité du mythe, les possibilités du pouvoir créatif et réflexif de l'imaginaire mythique revisité par les écrivains. Le contenu des quatorze contributions épouse une progression référentielle allant du "mythe d'origine, entre identité et mythologies personnelles" à la mise en coordination du "mythe et de la construction du monde", en passant par la mise en rapport du "mythe et de l'histoire" d'une part, et de "l'imaginaire et de la création littéraire" d'autre part. Il se dégage de cette vue synoptique une tendance à l'exhaustivité des versants mythologiques que nous n'avions pas particulièrement recherchée au départ mais qui nous satisfait à plus d'un titre, en ce sens qu'elle explore finalement l'essentiel des champs littéraires investis...
Géographies esthétiques de l'imaginaire postcolonial propose la première lecture comparative faite de la production littéraire, et plus particulièrement romanesque, de deux écrivains, parmi les plus représentatifs au sein de la francophonie actuelle : Patrick Chamoiseau (Martinique) et Ahmadou Kourouma (Côte d'Ivoire). Cette lecture en miroir et en parallèle pourra surprendre. Mais on verra comment l'étude de la représentation esthétique de certaines notions ("ethnicité", "race", "sexe", "histoire") offre des axes d'étude éclairants et justifie une comparaison, au sens le plus large et le plus souple du terme. Le présent ouvrage, centré sur la question de la production du sens littéraire, prend appui sur un large appareil conceptuel qui s'inspire, entre autres, des travaux de Mikhaïl Bakhtine, Michel Foucault, Edward Said et Edouard Glissant. Mais, plus profondément, cette contribution à une poétique comparée a pour originalité d'exploiter de nombreuses références aux théories "postcoloniales" qui sont loin d'être connues et diffusées dans l'espace francophone, alors qu'elles sont largement acceptées et développées dans le monde anglophone. C'est...
L'une des particularités les plus saisissantes de l'oeuvre d'Ahmadou Kourouma réside dans la récurrence presque lancinante d'un monde immatériel et invisible servant de fondement inéluctable à l'univers physique qui sous-tend le récit romanesque. L'oeuvre se veut la franche expression d'une conception du monde ancrée dans la vision socio-culturelle malinké qui, elle-même, s'articule autour d'une conscience mythique des plus vives et des plus exubérantes, propre à assurer une salutaire rémanence des croyances et valeurs ancestrales. L'étude d'Amadou Ouédraogo explore les fondements mythiques de l'oeuvre romanesque d'Ahmadou Kourouma, à la lueur de l'ethnomythologie et de l'imaginaire du monde mandé, ce vaste ensemble géoculturel en Afrique de l'Ouest qui comprend, entre autres, la culture malinké qui inspire la création romanesque de l'auteur. L'ouvrage examine les multiples facettes et fonctions du mythe, puis le fait appréhender comme une impulsion radieuse qui fait vaciller les frontières entre le réel et l'irréel, le visible et l'invisible, l'homme et le cosmos, l'humain et la transcendance. Sans omettre le recours au mythe lorsque celui-ci traduit la...
Allah n'est pas obligé. "M'appelle Birahima. J'aurais pu être un gosse comme les autres (dix ou douze ans, ça dépend). Un sale gosse ni meilleur ni pire que tous les sales gosses du monde si j'étais né ailleurs que dans un foutu pays d'Afrique. Mais mon père est mort. Et ma mère, qui marchait sur les fesses, elle est morte aussi. Alors je suis parti à la recherche de ma tante Mahan, ma tutrice. C'est Yacouba qui m'accompagne. Yacouba, le féticheur, le multiplicateur de billets, le bandit boiteux. Comme on n'a pas de chance, on doit chercher partout, partout dans le Liberia et la Sierra Leone de la guerre tribale. Comme on n'a pas de sous, on doit s'embaucher, Yacouba comme grigriman féticheur musulman et moi comme enfant-soldat. De camp retranché en ville investie, de bande en bande de bandits de grand chemin, j'ai tué pas mal de gens avec mon kalachnikov. C'est facile. On appuie et ça fait tralala. Je ne sais pas si je me suis amusé. Je sais que j'ai eu beaucoup mal parce que beaucoup de mes copains enfants-soldats sont morts. Mais Allah n'est pas obligé d'être juste avec toutes les choses qu'il a créées ici-bas." Après En attendant le vote des bêtes sauvages ...
Quel sera le sort de Fama, authentique prince malinké, aux temps de l’indépendance et du parti unique ? L’ancien et le nouveau s’affrontent en un duel tout à la fois tragique et dérisoire tandis que passe l’histoire, avec son cortège de joies et de souffrances. Au-delà de la fable politique, Ahmadou Kourouma restitue comme nul autre toute la profondeur de la vie africaine, mêlant le quotidien et le mythe dans une langue réinventée au plus près de la condition humaine. Dès sa parution en 1970, ce livre s’est imposé comme un des grands classiques de la littéraure africaine.
Cette étude examine les multiples contours de l'imaginaire tel qu'il apparaît dans « La carte d'identité », ouvrage de Jean-Marie Adiaffi paru en 1980, à la fois comme outil esthétique, comme vecteur d'une pulsion onirique et philosophique, comme fondement d'une aspiration religieuse, comme voix d'expression d'une vision de soi et du monde. Elle montre comment l'œuvre d'Adiaffi place l'imaginaire au cœur de l'articulation de l'expérience humaine, et comment l'expression symbolique induit l'être à s'affranchir des clameurs de l'univers sensible.
A l'occasion du cinquantenaire des Indépendances africaines, célébré durant toute cette année en France comme dans 14 pays d'Afrique, et du quarantième anniversaire de l'avènement de la notion même de francophonie, paraît la première biographie consacrée à Ahmadou Kourouma, écrite par le journaliste et écrivain Jean-Michel Djian. L'auteur retrace (il ne s'agit pas ici d'une biographie à thèse, ni d'un compte rendu exhaustif, mais d'une biographie inspirée, intuitive) l'itinéraire surprenant du grand écrivain ivoirien, montrant combien Kourouma est devenu une figure incontournable dont se réclame aujourd'hui toute la nouvelle génération des écrivains africains, de Kossi Efoui à Fatou Diome, de Abdourahman Waberi à Alain Mabanckou. Il a clos un " siècle désespéré " et ouvert une nouvelle page, en émancipant l'Afrique des questionnements de l'héritage colonial et post-colonial, et en libérant de façon décisive une parole entravée par des discours dominants d'inspiration le plus souvent " ethnologique ". En ce sens, il est l'illustration d'une certaine modernité africaine qui, mise à l'épreuve des espoirs et des désillusions des Soleils des...
Désobéissant à Samory, empereur de tout le pays mandingue, le roi de Soba, Djigui Keïta, n'a pas rasé sa ville à l'arrivée des troupes coloniales - sûr que la magie des ancêtres, la protection d'Allah et la muraille édifiée à la hâte suffiraient à repousser les "Nazaréens". Ceux-ci prennent donc Soba sans coup férir. Mais tandis que les griots chantent la gloire de Djigui Keïta et de ses cent vingt années de règne, le roi déchu s'enfonce dans une collaboration de plus en plus meurtrière avec l'occupant. Sous l'épopée tragique et dérisoire d'un peuple livré à la colonisation, perce la satire des Etats africains modernes livrés à leurs démons, et un réquisitoire aussi drôle que violent contre ces conformismes qui mènent parfois aux pires compromissions.
Travail d'étude de l’année 2012 dans le domaine Lettres - Afrique, , cours: Language and Literature, langue: Français, résumé: Cet article examine le thème du pessimisme comme une perspective dominante dans Les Soleils des Indépendances d’Ahmadou Kourouma. Il retrace le pessimisme à travers le jeu des personnages et les indices spatio-temporelles tels que Kourouma les déploie dans ce texte. A cet égard, l’article y examine certains des personnages clés dans le cadre spatio-temporel dans lequel ils évoluent. L’examen de ces phénomènes révèle la réalité de l’idée de l’Afro-pessimisme. L’indépendance de l’Afrique telle que perçue à travers ces trois phénomènes littéraires que sont les personnages, la spatialité et la temporalité, est un échec total sur tous les fronts, un concept vide de substance. Par conséquent, l’étude conclut que la mort tragique de Fama, le protagoniste du texte, dans sa tentative de reconstruction de sa dignité et humanité perdues sous « les soleils des indépendances » est une évidente manifestation et concrétisation du pessimisme dans ce texte romanesque d’Ahmadou Kourouma.
Cet ouvrage se penche sur les rapports complexes qui s'établissent entre trois catégories de personnages qui marquent l'univers romanesque d'Ahmadou Kourouma. Par des artifices magico-religieux qui nourrissent leur efficacité opératoire sur le terreau d'un imaginaire fétichiste qui imprègne le mental des protagonistes, ces personnages deviennent pour ainsi dire des facteurs déclenchant les tragédies collectives ou individuelles des romans d'Ahmadou Kourouma.
Cet ouvrage se penche sur les rapports complexes qui s'établissent entre trois catégories de personnages qui marquent l'univers romanesque d'Ahmadou Kourouma. Par des artifices magico-religieux qui nourrissent leur efficacité opératoire sur le terreau d'un imaginaire fétichiste qui imprègne le mental des protagonistes, ces personnages deviennent pour ainsi dire des facteurs déclenchant les tragédies collectives ou individuelles des romans d'Ahmadou Kourouma.
Cet ouvrage offre une analyse critique de la représentation de l'espace existentiel et identitaire chez Aminata Sow Fall, Mongo Beti, Ahmadou Kourouma et Patrick Chamoiseau. Il souligne la mise en scène d'une polarité spatiale et son dépassement à travers l'hybridité linguistique, la poétique de la réconciliation et la quête d'un autre espace alternatif. En effet, ces auteurs pratiquent une écriture qui valorise un espace identitaire pour la plupart. Cependant, celle-ci consacre finalement la nécessité de transcender le paradigme des chocs d'identités divergentes et spatialement polarisées.
En attendant le vote des bêtes sauvages. Le président Koyaga est un maître chasseur... et un dictateur de la pire espèce. Au cours d’une cérémonie purificatoire en six veillées, un griot des chasseurs et son répondeur lui racontent sa propre vie, toute sa vie, sans omettre les parts d’ombre et de sang. Koyaga est né dans la tribu des hommes nus. Il a fait la guerre d’Indochine. Puis il a pris la tête de la République du Golfe en usant de la sorcellerie et de l’assassinat. Accompagné de son âme damnée Maclécio, qui a vu en lui son homme de destin, il a parcouru l’Afrique de la guerre froide, prenant des leçons auprès de ses collègues en despotisme. On n’aura guère de peine à reconnaître au passage Houphouët-Boigny, Sékou Touré, Bokassa, Mobutu... pour ne parler que des non-vivants. De retour chez lui, grâce aux pouvoirs merveilleux que lui confèrent la météorite de sa maman et le Coran de son marabout, il triomphe de tous ses ennemis, déjoue tous les complots. Jusqu’au jour de la dernière conjuration où, s’étant fait passer pour mort, il perd la trace de la maman et du marabout...Avec un humour ravageur et une singulière puissance...
Les trois principaux chapitres visent à souligner les convergences et les divergences entre les littératures africaine, caribéenne (littéraire antillaise + Haïti) et maghrébine. D'un chapitre à l'autre, l'organisation est conservée : présentation des précurseurs - son histoire générale de la région à partir des principaux genres (sauf favoriser le roman au détriment des autres genres comme on le constate souvent dans d'autres ouvrages). Hors cadre, les littératures québécoises (p. 51-57), francophones de Belgique et de Suisse, font l'objet d'une brève présentation dans le panorama introductif consacré à toutes les littératures francophones, p. 9-61. [SDM].
Ce recueil place au centre d'une réflexion collective l'imaginaire linguistique, c'est-à-dire les évaluations péjoratives ou mélioratives que l'on porte sur une langue, la plupart du temps sans savoir pourquoi. A-M Houdebine-Gravaud, avec quelques vingt autres auteurs, passent en revue les différents aspects de cette évaluation et analysent les paroles des sujets pour dégager leur production langagière, leurs représentations sociales et subjectives en face de leur parler et de ceux d'autrui. Ce volume fait le point sur les travaux actuels dans différents domaines: en linguistique, en sémiologie, en littérature contemporaine...
Dans le cadre des rapports interdisciplinaires entre l'Histoire et la fiction dans l'oeuvre romanesque de Kourouma, l'hypertextualité et la narratologie ont permis aussi de montrer que cette oeuvre est fortement nourrie aux sources de l'oralité. Abordée dans son ipséité, elle affiche l'interaction agissante entre l'Histoire et la fiction et postule l'idéologie de l'éveil identitaire chez l'auteur. Le corpus a été stratifié en trois parties subdivisées chacune en trois chapitres. La première présente le "greffage" de la diégèse sur la période s'étendant de 1880 à 1960. Cette période a mis en relief l'installation française au Soudan, les Indépendances africaines et leurs corollaires. Elle a permis de dégager le procédé de fictionnalisation de l'hypotexte historique qui a abouti à un protocole de six paliers : le résumé, la phrase extraite d'un ensemble, la mutation paradigmitique et l'interchangeabilité des termes, le vague narratif, la précision du romancier et la différence phonatoire ou phonologique. La seconde partie s'articule autour de la pression de l'Histoire sur les catégories romanesques. En effet, les personnages, l'espace et le temps sont...
Le principal propos des essais réunis dans cet ouvrage consiste à interroger les pratiques scripturales de l'espace et du savoir. Surgissent alors l'hypothèse d'une consubstantialité du spatial et de l'épistémique, à des degrés divers, dans tout corpus artistique, ainsi que la nécessité d'introduire un nouvel instrument critique, qui rendrait mieux compte de la complexité de l'art : l'épistémogéocritique.0Il s'agit d'un logiciel de lecture qui traduit la volonté de distendre les logiques discriminatoires de ces approches, pour souligner la pertinence et la fécondité d'une approche de l'oeuvre d'art attentive à l'imbrication des données spatiales et épistémiques dans le procès de la signification.
La succession organisée des articles compose un livre à plusieurs entrées. La littérature créative ou critique fait oeuvre de "reliance" entre les cultures comme entre les extrêmes. En écho aux actes du colloque "Mythocritiques-an 2001" (UFR Lettres, Nice), les communications rassemblées ici introduisent différents regards, ouvrent des perspectives. La synergie permet, hors lignes convenues, des renouvellements. Le volume résonne comme un affranchissement, un défi.
Maurice Boyer, issu d’un modeste milieu rural français, arrive à Paris pour entamer des études d’ethnologie à la Sorbonne. Il rêve de mettre ses pas dans ceux de son maître, Georges Balandier. Il part pour ses recherches doctorales dans un village du Togo. Il y restera deux ans. Ce sera le grand choc de sa vie. Des années après ce voyage, il sait ce qu’il doit à ce séjour et qu’il a laissé là-bas la part la plus secrète de son âme. C’est le roman d’une rencontre, d’une quête : comment regarde-t-on l’autre, comment l’invente-t-on, comme écrit-on son histoire ? Sami Tchak décrit magnifiquement la façon dont l’ethnologue, le voyageur, l’érudit se sont installés en Afrique, le regard qu’ils ont porté, l’imaginaire qu’ils ont construit, le Continent qu’ils ont inventé.
A l'ère de la mondialisation et des recompositions identitaires qu'elle induit, la nouvelle doxa culturelle semble considérer comme advenue la fin des sédentarités et des inscriptions identitaires enracinées dans un territoire donné. Cette opinion est confortée par le fait que certains écrivains africains remettent en question la notion d'appartenance à un espace littéraire national et considèrent que le temps de la " littérature monde " est désormais venu. Dans ce contexte, le terme de territoire semble devenu obsolète et il est nécessaire d'en réexaminer les définitions. Qu'il soit géographique ou historique, le territoire varie d'un lieu circonscrit à un espace symbolique transmis par la tradition orale ou réinventé par l'écriture. La littérature joue alors le rôle d'occupation du territoire mental qu'elle marque en tant qu'activité artistique. Les migrations trouvent également leur place dans cette appropriation nomade, déterritorialisée. L'interprétation du lieu comme espace soumis à des temporalités multiples - mythiques, historiques, légendaires - dépend des stratégies rhétoriques adoptées dans les différents imaginaires des territoires. ...
Dans un contexte de critique littéraire animé par des entreprises variées, le sujet postmoderne recherche sans cesse son salut face aux pathologies réelles ou imaginaires qui l'accablent. Cette situation inconfortable trouve sens dans une nouvelle approche d'analyse des textes littéraires - la critique sociopathologique - appréhendée sous des paradigmes sociaux, artistiques, traditionnels et culturels, que les pairs universitaires remanient au gré des interprétations d'envergure herméneutique. Les facteurs de la langue et de la littérature y sont associés pour restituer au lecteur toute la profondeur d'une nouvelle démarche d'interprétation des textes qui rend compte des dynamiques sociales caractérisant le monde actuel. Du point de vue de l'analyse, les imaginaires des auteurs comme Ahmadou Kourouma, Albert Camus, Calixte Beyala, Charles Baudelaire, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Julie Nlend, Martin Winckler et Louis Aragon, prédisposent le lecteur à un questionnement social dans le vaste empire des humanités. Y faisant suite, cette étude s'offre comme une voie originale qui relance le débat sur les approches de critique littéraire dans les espaces...
Cet ouvrage aborde le réalisme et l'imaginaire dans l'oeuvre d'Abdourahman A. Waberi, un écrivain français d'origine djiboutienne qui a réussi relativement dans la littérature francophone contemporaine et qui a une carrière de nouvelliste et de romancier. L'auteur démontre l'interface qui existe entre ce que lui inspire la réalité et ce que lui suggère son imagination. Cette dernière crée l'imaginaire qui engendre le côté romanesque de son écriture. Il faut préciser que le réalisme est basé sur des évènements et des personnages réels, réalistes ou vraisemblables. L'écriture de l'imaginaire contient tout un ensemble de codes symboliques, de clichés, d'innovations ou d'images surprenantes. Ainsi il nous paraît intéressant de démêler les indices, les marques qui créent des effets de réel et les inventions qui recèlent des représentations de l'esprit de l'écrivain dans l'optique d'explications, d'assimilations du monde qu'il connaît. Il entreprend une volonté de changer ce même monde selon sa vision. Les recherches menées dans tous ses livres, les articles, les entretiens radiophoniques télévisés, les informations que nous tenons de l'auteur...
Avec les sciences sociales, la littérature et sa critique universitaire ont pris une place décisive dans le développement social et culturel des pays de la francophonie. Au prix des pires difficultés, de jeunes écrivains se font entendre, dans des langues locales ou dans un français qui n'est pas toujours celui de l'Académie française. Si leur notoriété ne franchit guère les frontières de leur pays, ils apportent une vision singulière, novatrice et souvent fort inventive du réel qui les entoure, et du monde qu'ils regardent ou qu'ils imaginent. Leurs langues méritent tous les soins de ceux qui veulent que le français reste une langue riche de sa pluralité multiforme. Ce livre, issu de la réunion fondatrice d'un collectif de chercheurs sur les Littératures au Sud, n'est pas un panorama d'ensemble sur les littératures francophones, ni même un recueil d'études critiques sur les littératures au Sud, pas davantage un manuel : il n'aurait ni l'exhaustivité, ni la cohésion, ni la cohérence méthodologique nécessaires. C'est en revanche un ouvrage programmatique, à la fois institutionnel et scientifique : il balise la recherche sur les littératures, en...
"Le thème traité dans le présent ouvrage est d'une actualité indéniable. La relation entre Littérature et Réalité est intrinsèquement liée à leur origine commune. La littérature, comme art dont la chair est faite de mots, ne peut se départir des faits ni des problématiques relatives à la langue. Elle met en évidence, avec acuité, le rapport que nous entretenons avec le monde [...] En ces temps où la réalité envahit de plus en plus le récit, le littéraire prend les contours du document et propose au lecteur cette réalité qui fait son quotidien. Pourtant, la littérature - et on ne doit pas l'oublier - relève de l'imaginaire qui ne se restreint plus à cette construction d'un monde qui n'existe pas, pas plus qu'il ne feint de reproduire la réalité. Il va chercher ses fondements dans ce qui fait l'actualité certes, mais pour mieux l'habiller avec les dessous de la réalité." (Abdelaziz Amraoui, "Introduction") "Ainsi donc, dix-huit chapitres, regroupés en quatre sections et un varia, forment l'ensemble de cet ouvrage, Littérature et réalité : regards croisés. Alors que les contributions donnent la mesure d'une réflexion internationale sur une...
Les communications réunies dans ce premier tome, d'une large touche d'approches, à la hauteur stylistique ajustée aux passerelles du choc des idées, abordent les problématiques de l'imaginaire, les réalités socioculturelles et les idées reçues qui traversent les tribunes et les consciences au sujet de l'Afrique. L'occasion est donnée de découvrir les modalités de scénarisations littéraires des altérités africaines ainsi que les discours médiatiques qui les sous-tendent. Il s'agit de confronter les images qu'ils donnent de l'Afrique aux images réelles. Les variances perceptives complémentaires, dichotomiques ou différentes de l'Afrique dans les oeuvres de fiction et les médias contemporains ne permettent pas de parler d'une Afrique, mais des Afriques, rêvées, inventées, fantasmées. La mondialisation et la globalisation prennent donc tout leur sens dans les articles qui composent ces textes. Dans les littératures scrutées, l'Afrique (ou de l'un de ses pays) est donnée à voir comme un espace problématique, de débat et de confrontation des opinions, des idées, des imaginaires et des idéologies.
Cet ouvrage critique analyse les rapports entre roman et politique, à travers plusieurs axes : l'auteur (engagement, censure), le lecteur (réception, traduction), les sous-genres romanesques (roman historique, roman d'éducation), l'histoire, etc.
La représentation du pouvoir dictatorial se perpétue dans les textes des auteurs africains francophones depuis la publication du roman "Les Soleils des indépendances" d'Ahmadou Kourouma en 1968. Il est question de saisir, dans le cadre d'une démarche critique interprétative, la dynamique de la représentation du pouvoir politique perçu comme une maladie de l'esprit. Cette recherche retrace le parcours artistique d'une quête de la guérison.
Le rouge et le noir Soixante ans après son lever, le " soleil des indépendances ", occulté par la persistance de la tentation despotique, peine à éclairer l'Afrique. Au fil des décennies, la cohorte des tyrans, adeptes du pouvoir absolu, du repli clanique et du parti unique, se seront échinés à dévoyer une souveraineté en trompe-l'œil, moins conquise qu'octroyée. Qu'il s'agisse de l'Ougandais Idi Amin Dada, de Sa Majesté Bokassa Ier, empereur de Centrafrique, du Congolo-Zaïrois Mobutu ou du Zimbabwéen Robert Mugabe, les ex-tuteurs européens se repaissent des frasques, tantôt grotesques, tantôt cruelles, de satrapes qui furent leurs élèves, leurs soldats puis leurs alliés. Feignant d'oublier que tous, du bouffon ubuesque au dictateur à l'implacable froideur, n'auront été au fond que les rejetons monstrueux de l'aberration coloniale. Bien sûr, l'ancien tirailleur togolais Gnassingbé Eyadéma ne ressemble guère au Guinéen Ahmed Sékou Touré, l'homme qui osa défier Charles de Gaulle ; pas plus qu'au Tchadien Hissène Habré, premier chef d'Etat du continent condamné par une juridiction africaine. Pour autant, on déniche souvent aux sources de leurs...
Ahmadou Kourouma a fait le choix d'une écriture engagée. Y a-t-il confusion des genres à faire de la politique en littérature ? Il semblerait que son premier roman, avec l'action du temps, prenne une patine nouvelle. De " littérature de circonstance " , il est devenu " circonstance de littérature " .
Avec soixante ans d'âge, la pratique cinématographique en Afrique - même si elle se renouvelle à l'ère du numérique - a maintenant sa tradition. Restent cependant les houleux débats sur la production, la diffusion, la visibilité, l'orientation, et la survie (sur le continent et au-delà) des images africaines. Porteurs d'histoires, les cinémas africains deviennent ainsi constructeurs et gardiens d'une mémoire multiforme. Les textes rassemblés dans ce volume traversent images et imaginaires, et les narrations qui les portent. Les oeuvres étudiées renvoient au besoin existentiel de se dire, de s'inscrire dans les débats identitaires de l'heure, de dédire les accusations de sclérose des cinémas africains, et surtout de " séduire " par de nouveaux imaginaires. Remparts contre l'anamnèse et la marginalisation, les productions et les réflexions critiques qu'elles engendrent s'imposent comme des vecteurs de mémoire intrinsèque et extrinsèque.
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