
L'esclave vieil homme et le molosse
Auteure: Patrick Chamoiseau
Nombre de pages: 160Avec un entre-dire d'Édouard Glissant
Avec un entre-dire d'Édouard Glissant
" Du temps de l'esclavage dans les isles-à-sucre, il y eut un vieux-nègre sans histoires ni gros-saut, ni manières à spectacle. Il était amateur de silence, goûteur de solitude. C'était un minéral de patiences immobiles. Un inépuisable bambou. On le disait rugueux telle une terre du sud ou comme l'écorce d'un arbre qui a passé mille ans. Pourant, la Parole laisse entendre qu'il s'enflamma soudain d'un bel boucan de vie. Ainsi m'est parvenue l'histoire de cet esclave vieil homme, de son Maître-béké et du molosse qu'on lança à ses trousses. Une histoire à grands sillons d'histoires variantes, en chants de langue créole, en jeux de langue française et de parlures rêvées. Seules de proliférantes mémoires pourraient en suivre les emmêlements. Ici, soucieux de ma parole, je ne saurais aller qu'en un rythme léger flottant sur leurs musiques... "
On appelait " nègre marron " l'esclave qui, aux Antilles, s'échappait de la plantation. La figure de cet esclave fugitif ne cesse d'attirer les écrivains. Des premiers auteurs blancs du XIXe siècle aux romans afro-antillais contemporains, le marronnage hante la littérature de Martinique et de Guadeloupe. Sa célébration culmine avec Le Quatrième siècle d'Edouard Glissant, pour redescendre dans les dernières décennies. Aujourd'hui, un Glissant ou un Chamoiseau entraînent leurs marrons, l'un à la conquête du Tout-monde, l'autre, à celle de l'immortalité dans l'écriture. Le renoncement à l'idéologie du territoire sonne le glas des représentations conflictuelles du marronnage. Faute d'avoir pu renverser le maître, le marron consent à l'ailleurs. Pour quels nouveaux voyages ?
Les études réalisées sur les littératures des Antilles françaises s'inscrivent souvent dans le cadre des relations présentes et passées entre la France et les îles. Cette approche est d'ailleurs pertinente, si l'on considère l'histoire commune. Cependant, elle a l'inconvénient de présenter toute différence avec la littérature métropolitaine comme spécifique aux Antilles, gommant de la sorte les convergences ou divergences que les littératures antillaises entretiennent entre elles. D'autre part, la Martinique et la Guadeloupe, à la fois départements français et groupes d'îles aux structures coloniales (économiquement et culturellement), sont des sociétés ambiguës. C'est précisément cette ambiguïté qui inspire les œuvres littéraires même les moins engagées. Elle est à l'origine d'un sentiment fondamental du personnage antillais l'auto-exotisme, cette façon d'être exotique à soi-même. Cet ouvrage de littérature comparée aborde les œuvres antillaises d'un point de vue sociologique, " psychanalytique " et littéraire, pour tenter de rendre compte de cette ambiguïté identitaire, à l'origine d'imaginaires divergents dans les deux îles, qui...
Les trois principaux chapitres visent à souligner les convergences et les divergences entre les littératures africaine, caribéenne (littéraire antillaise + Haïti) et maghrébine. D'un chapitre à l'autre, l'organisation est conservée : présentation des précurseurs - son histoire générale de la région à partir des principaux genres (sauf favoriser le roman au détriment des autres genres comme on le constate souvent dans d'autres ouvrages). Hors cadre, les littératures québécoises (p. 51-57), francophones de Belgique et de Suisse, font l'objet d'une brève présentation dans le panorama introductif consacré à toutes les littératures francophones, p. 9-61. [SDM].
Quelles relations les personnages du roman antillais entretiennent-ils avec leur île? Leur histoire, inaugurée par la violence, comment l'appréhendent-ils? Cette étude critique menée sur une vingtaine d'oeuvres notamment celles de Zobel, Glissant, Chamoiseau, montre que ces interrogations qui dépassent les problématiques de la négritude, de l'antillanité et de la créolité, constituent des préoccupations majeures de la création romanesque antillaise depuis plus d'un demi-siècle.
Contemporary research on Caribbean literature displays a rich variety of themes, literary and cultural categories, forms, genres, languages. Still, the concept of a unified Caribbean literary space remains questionable, depending upon whether one strictly limits it to the islands, enlarges it to adopt a Latin-American perspective, or even grants it inter-American dimensions. This book is an ambitious tentative to bring together specialists from various disciplines: neither just French, Spanish, English, or Comparative studies specialists, nor strictly “Caribbean literature” specialists, but also theoreticians, cultural studies scholars, historians of cultural translation and of intercultural transfers. The contributions tackle two major questions: what is the best possible division of labor between comparative literature, cultural anthropology and models of national or regional literary histories? how should one make use of “transversal” concepts such as: memory, space, linguistic awareness, intercultural translation, orature or hybridization? Case studies and concrete projects for integrated research alternate with theoretical and historiographical contributions.This...
À travers l’œuvre de trois écrivains des îles antillaises de la Martinique et la Guadeloupe, Corina Crainic dresse ici un portrait saisissant et mouvant de l’identité de ses habitants. C’est principalement la figure des marrons, ces esclaves fuyant la plantation pour la liberté dans la forêt, qui signe la trace de ces récits. L’identité des Martiniquais et des Guadeloupéens est particulièrement complexe. Elle a oscillé entre une origine africaine dont l’expérience coloniale a oblitéré la filiation, une intégration à la France d’outre-mer jamais complètement consentie, et une insertion socioéconomique sur un territoire qui suinte encore la douleur de l’esclavage. S’éloignant des figures de la négritude, comme de celles de la créolité, le marron, le seul véritable héros antillais décrit dans ces travaux d’écrivains récents, s’ouvre sur l’américanité. Une américanité qui prend ses distances face à l’appartenance et au sens pour une identité de relations à l’autre, une identité du recommencement. L’acceptation de l’appartenance au continent n’est pas pour autant dénuée de troubles identitaires et de violences...
« Le Colloque pluridisciplinaire et international, " l’Esclavage de l’Africain en Amérique du 16e au 19e siècle : les Héritages " a été organisé par l’Association Dodine les 19, 20 et 21 avril 2011 à Fort-de-France. Ce n’était pas, comme d’aucuns pouvaient d’emblée le penser, un colloque de plus eu égard aux multiples rencontres antérieures relatives à l’Esclavage vu du continent européen. La visée ici était tout autre. L’objet assigné se voulait différent, novateur : un colloque axé sur « Les Héritages », à savoir, « les créations des peuples nègres issus des abolitions de l’esclavage au 19e siècle en Amérique. » D’où la définition et la délimitation d’un champ d’interrogations et d’investigations ouvert sur les domaines de l’activité humaine. La manifestation, labellisée « 2011 Année des Outre-Mer Français » a vu ses travaux se dérouler dans d’excellentes conditions. La trentaine de communications fut déclinée en six sessions de demi-journées, animées par des modérateurs avertis. Elles reçurent un écho très favorable d’un public attentif, curieux, de plus en plus nombreux et motivé dans l’échange. ...
Toutes les formes contemporaines de la servitude sont, dans cet ouvrage, passées en revue, de la condition ouvrière en Occident à l'orée du XXe siècle, à celle qui prévaut dans les ateliers clandestins et les usines des pays tigres, sans oublier les camps de travail forcé en Europe et en Asie, ni les trafics des esclaves sexuels ou des domestiques maltraités. Sur la base des plus récents travaux concernant les développements prévisibles de la population mondiale, de la productivité du travail et de l'évolution de l'emploi, cette étude met en garde sur la nécessaire coordination, au sein des organisations internationales, des nations responsables de lutter contre ce fléau par l'utilisation du progrès, dans le seul but d'assurer enseignement et santé à chaque enfant, puis emploi décent à chaque jeune adulte.
S'étant raréfiée dans les récits occidentaux, la présence animale se limiterait-elle de nos jours aux contes africains et créoles, sous prétexte que l’humain n’y aurait pas coupé tout lien qui le rattache encore aux bêtes ? Ce n’est pourtant pas tout à fait ce que nous disent les récits animaliers de Patrick Chamoiseau, de Patrice Nganang, d’Alain
S’étant raréfiée dans les récits occidentaux, la présence animale se limiterait-elle de nos jours aux contes africains et créoles, sous prétexte que l’humain n’y aurait pas coupé tout lien qui le rattache encore aux bêtes ? Ce n’est pourtant pas tout à fait ce que nous disent les récits animaliers de Patrick Chamoiseau, de Patrice Nganang, d’Alain Mabanckou ou d’Ananda Devi, qui semblent privilégier pour la plupart d’entre eux la présence du moins exotique ou du plus urbain des animaux : le chien, tantôt domestiqué, tantôt sauvage. Il leur paraît autrement plus important de souligner que la figure animale, telle que leurs récits la décrivent, est invariablement celle, inférieure et subalterne, que l’Occident réserve encore à ceux qu’il a autrefois soumis. S’en dégage une histoire moins de la race que de la trace. Écrire, alors, revient à traquer plutôt qu’une origine perdue, la trace de ce passage inouï, voire inaudible, des sans-voix, qui seule nous permet de mieux revenir sur nos pas. Or que trouve-t-on à remonter la filière animale ? Ces bêtes souvent n’ont d’existence que livresque, chiens de papier et porcs épiques...
Ce livre prolonge et approfondit les Collectifs Un autre Senghor (1999) et Sony Labou Tansi, le sens du désordre (2001) publiés dans la même collection de l'Axe francophone et méditerranéen du Centre d'étude du XXe siècle. Réunir des écrivains africains et antillais dans un même livre, c'est prendre au sérieux ce que Patrick Chamoiseau a souvent affirmé: il y a, entre eux, à la fois d'incontestables filiations en même temps que des problématiques culturelles et des poétiques très différentes. Le thème de l'écriture et du sacré permet de bien comprendre ces ressemblances et ces variations. Un premier contraste, classique, oppose Senghor à Césaire, le poète nostalgique du mythe et de l'épopée à celui des arrachements et des ruptures qui déchiffre le Sacré dans le cœur noir de la langue, dans les syncopes et les abruptions du rythme. Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau, quant à eux, s'ils ne renient pas l'héritage de la négritude, leur part africaine, comme ils disent, font face à un danger plus contemporain et, au fond, plus difficile à combattre : celui d'un tarissement possible de la « diversalité » du monde, d'un désenchantement (qui...
Cet ouvrage propose de penser la littérature caribéenne au-delà de la seule question du postcolonial qui tend à limiter sa portée en la confinant trop souvent dans l’historique et le sociologique. En effet, ancrée dans la vie sociale, la littérature a partie liée avec notre vie quotidienne et, de ce fait, sans être pour autant le reflet du réel, est le miroir de l’existence humaine. L’interrogation porte non pas sur ce à quoi sert la littérature caribéenne ni ce qu’elle est, mais ce qu’elle fait. Il ne s’agit donc nullement d’établir des valeurs morales ou des comportements à suivre, mais de saisir les options, les perspectives et les champs de possibles proposés par la littérature caribéenne. En liant littérarité, textualité et humanisme, des spécialistes de divers horizons questionnent la manière dont le cognitif et le sensible travaillent ensemble, examinent les modalités des valeurs dans l’œuvre et la fonction de l’oeuvre pour le monde.
Essayiste accompli et novateur, auteur de contes réjouissants et instructifs, scénariste sensible, journaliste provocateur, Patrick Chamoiseau est d'abord et surtout un romancier hors du commun. Dans ce premier livre voué exclusivement à son oeuvre, Lorna Milne se concentre sur la représentation de quatre espaces privilégiés de l'imaginaire chamoisien : la cale du bateau négrier, le marché foyolais, l'habitat créole et le (sous-)bois. Cette étude dégage les qualités particulières de ces lieux, investis de nombreuses associations et chargés d'un riche symbolisme complexe. Ainsi, elle met en valeur la place qu'ils occupent dans l'oeuvre, surtout pour ce qu'ils révèlent de l'histoire et de l'identité caribéennes, ainsi que du « Lieu », de la « diversalité » et de la « mise en Relation », pensés par celui qui, incontestablement, se profile comme le premier et principal émule d'Edouard Glissant.Enfin, l'examen de ces quatre espaces jette une lumière nouvelle sur la thématique de l'écriture elle-même. Cet essai propose une analyse nuancée du projet éthique et esthétique d'un écrivain-phare de la région caribéenne.
Nombre d'écrivains associent plusieurs langues dans leurs écrits, passant de l'une à l'autre ou cachant l'une sous le masque de l'autre. Parmi ces funambules du verbe, Patrick Chamoiseau puise dans la confrontation du français et du créole la source vive de son inspiration. Romans et essais du grand auteur antillais l'attestent : les langues ne sont pas neutres, car elles suscitent et cristallisent de multiples images. Mais comment concilier le créole, hanté par la souffrance de l'esclavage, et l'orgueilleux français promu par l'école d'une République lointaine ? Comment transformer les tensions linguistiques en harmonie polyphonique ? http://www.editions-imago.fr/
Vous êtes professeur de lettres ou documentaliste au collège ? Informée, sérieuse et inventive, la Nouvelle Revue Pédagogique vous accompagne tout au long de l'année scolaire. La NRP vous offre 1 dossier et 2 séquences pour les séries générales et technologiques, l'une destinée aux élèves de 2de, l'autre aux élèves de 1re. Ces séquences portent sur un thème, un auteur, un genre, en conformité avec les programmes officiels. Une troisième séquence concerne spécifiquement l'un des trois niveaux du lycée professionnel. Vous trouverez dans la revue de nombreuses ressources : - Entraînement à l'écrit et à l'oral du Bac, - Fiche d'analyse de film, - Fiche d'analyse d'image, - Fiche de latin et de grec, - Pages d'accompagnement personnalisé alternant avec des pages d'enseignement d'exploration. En début de revue, une partie " Actualités " vous propose un entretien avec une personnalité du monde de la culture et vous tient informés de l'actualité culturelle : livres, théâtre, cinéma... Thème : Duras, écrivain du XXe siècle
Cet ouvrage traite de la division des sexes dans l’espace social, de l’assignation de lieux et d’espaces plus ou moins strictement délimités à l’un ou l’autre sexe/genre. Il se répartit en trois grands champs d’études : la fiction, littéraire et narrative ; le symbolique et le religieux - lieux de cultes, espaces réservés aux pratiques liturgiques et ceux dévolus au sacré. la représentation théâtrale. Dans ces domaines privilégiés se manifestent les représentations des rapports humains et sociaux, leur symbolisation explicite et la mise en place (chacune « à sa place ») des figures socialisées du féminin et du masculin.
Que leurs écrits relèvent de la doctrine chrétienne, de l’idéologie coloniale et postcoloniale, de l’Histoire officielle ou encore des impératifs liés à l’écriture autobiographique, les écrivains aspirent à les déconstruire ou à cerner leurs limites afin de les dépasser.
This bi-lingual collection illustrates the concept of ¿Warrior of the Imaginary,¿ as defined by Patrick Chamoiseau, in a multi-faceted corpus of texts by and on Caribbean writers. For obvious reasons, many of the contributions in French engage critically with this notion and how it surfaces in the Martinican writer's fiction.
Au sein de « la littérature-monde » qui, depuis quelques décennies, surgit dans les cinq continents, le roman-monde a rencontré un succès des plus spectaculaires : tirages impressionnants, traductions systématiques en de multiples langues, attribution régulière de prix littéraires (Booker, Médicis, Nobel...). En retenant plus de cent récits, cet essai critique se propose de reconstituer la genèse de ce nouveau genre littéraire. Les premiers textes pris en considération ont été les récits de voyage rapportés par les navigateurs et les explorateurs qui, depuis l’Antiquité, ont parcouru le monde en tentant d’en dresser les cartes. La lecture de ces textes séminaux a, tout naturellement, incité nombre de romanciers modernes à se lancer, plus ou moins métaphoriquement, à la découverte des terres encore mal connues. Préoccupés au plus haut point par les problèmes de forme, ces romanciersmonde affichent avec fierté une maîtrise impeccable des langues des colonisateurs, qu’ils considèrent maintenant comme des « butins de guerre » (F. Fanon). Ce faisant, ils s’octroient avec jubilation la possibilité de se livrer à des expérimentations qui...
Au moment où on s’interroge sur le sort des langues dans une perspective de mondialisation, il est important de réfléchir aux conditions d’existence des littératures de langue française, à leurs interrelations, mais aussi à leur manière de coexister avec des littératures mieux établies et plus anciennes, comme la littérature française. Les littératures francophones ont en commun d’être de jeunes littératures et leurs écrivains, placés dans des situations de « contacts de culture », de se situer « à la croisée des langues ». La notion de palimpseste y prend une importance particulière, renvoyant à la place de ces littératures sur l’échiquier mondial et aux modèles dont dispose l’écrivain pour rendre compte de sa situation. Dans quelle mesure l’hybridité à laquelle doivent faire face les écrivains francophones donne-t-elle lieu à des « poétiques forcées », selon l’expression de Glissant, ou à l’invention de nouvelles formes du dire littéraire ? Quelles esthétiques sont ainsi mises en jeu ? À partir d’exemples tirés des littératures québécoise, belge, antillaise et africaine, cet ouvrage examine les formes et les enjeux...
Cet ouvrage examine les rapports entre création littéraire contemporaine et politique, dans les littératures francophones - Afrique noire, Maghreb, Antilles, Québec. Il s'attache à identifier et caractériser les figurations du politique. Les oeuvres littéraires jouent à la fois d'une représentation du politique et d'une réflexivité au regard de cette représentation. Cette représentation n'est pas dissociable d'une pensée de l'histoire et du pouvoir, qui choisit d'être indépendante des paradigmes occidentaux. Ces littératures aident aujourd'hui à penser le devenir et le futur des pays qu'elles évoquent - au-delà des impasses politiques contemporaines. Elles s'attachent à des perspectives, qui dessinent la communauté publique à venir.
Certaines petites îles ont joué et jouent toujours aujourd'hui un rôle tout à fait capital dans l'articulation et le fonctionnement des sociétés à travers le monde. Essaimées à la surface des mers et des océans, les petites îles ne seraient donc pas seulement ces " bouts du monde " mais bien au contraire des centres névralgiques, interfaces placées au cœur de la mécanique des flux de circulation mondiaux. Un certain nombre de ces petites balises insulaires constituent autant de jalons essentiels dans la géographie des échanges, des escales de niveaux différents participant de façon plus ou moins active à la dynamique des grands flux. Les îles-relais jouent un rôle plus élaboré et plus déterminant que celui des îles-escales : ce sont des pivots qui redistribuent des flux soit vers d'autres espaces insulaires, soit vers des espaces continentaux. Enfin, la mise en système de ces îles-relais peut aboutir à la formation de véritables réseaux. De fait, on assiste à une prolifération des réseaux prenant en compte le fait insulaire. Ces réseaux dénotent la volonté affichée de parler d'une même et seule voix sur la scène planétaire et d'approfondir...
L'année 1492 marque le début de la colonisation du Nouveau Monde par les Espagnols. La main-d'œuvre blanche ne suffisant pas, les populations indiennes décimées, s'instaure dès le début du XVIe siècle la traite négrière qui approvisionne en esclaves africains les plantations du continent américain. Mais les autres puissances réclament leur part. Au XVIIe siècle, la France édifie à son tour ce qui sera son premier empire colonial. Saint-Domingue, la Martinique et la Guadeloupe constituent les possessions antillaises, le Canada, la grande Louisiane et la Guyane celles du continent américain et, dans les Mascareignes, la France s'installe à Bourbon puis à l'Ile de France. L'esclavage est codifié par le Code noir (1685). Le XVIIIe siècle est l'âge d'or de la traite et de l'enrichissement européen. Mais des voix s'élèvent contre ce trafic humain. Révolution française de 1789, révolte des esclaves de Saint-Domingue qui a pour conséquence la première abolition de 1794, rétablissement par Bonaparte, vigoureux engagement de Schœlcher, autant de dates et d'événements qui aboutissent à l'abolition de 1848. Organisé pour la commémoration du cent...
« Tant que les lions n’auront pas leurs historiens, les histoires de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur », dit un proverbe bantou. C’est précisément le point de vue du lion que défend ici Dénètem Touam Bona en mettant en lumière, à travers la question du marronnage, l’action et la créativité des colonisés. Entre carnet de voyage, enquête anthropologique et méditation littéraire et philosophique, il narre l’histoire occultée des fugues, celles du « gitan » nomade, du soldat déserteur, du migrant « clandestin » et de tous les réfractaires à la norme, au contrôle ou à la domestication. Foucault l’a bien vu, « la visibilité est un piège ». Art de la disparition, le marronnage est plus que jamais d’actualité. Déjouer les surveillances, les profilages, les traçages marketings et policiers ; disparaître des bases de données ; étendre l’ombre de la forêt l’espace d’un court-circuit. Dans notre monde cybernétique où le contrôle en temps réel de l’individu est sur le point de devenir la norme, le nègre marron apparaît comme une figure universelle de résistance.
Le thème de la réclusion traverse la littérature, l’expérience de l’enfermement faisant l’objet de l’œuvre de plusieurs auteurs. Cet ouvrage explore les liens entre le politique, le social et le traitement qu’en fait l’art par l’entremise d’œuvres hispano-américaines, antillaises, africaines et européennes. Il se conclut sur une entrevue inédite avec le célèbre auteur togolais Kossi Efoui.
Ponti/Ponts est une revue en libre accès révisée par des pairs, qui se veut un haut lieu de rendez-vous des cultures francophones: du Québec et du Canada à l’Afrique subsaharienne, de la Belgique aux Caraïbes, du Maghreb à la Suisse et au Val d’Aoste, aux autres îles francophones dispersées partout dans le monde, toute la francophonie est conviée à cette rencontre, qui en est une de connaissance, de reconnaissance, de confrontation.Chaque numéro de la revue, qui paraît une fois par an, présente des études critiques, des textes de création et un vaste répertoire de notes de lecture concernant les œuvres linguistiques, littéraires, culturelles des différents espaces francophones. Les essais critiques et les textes de création sont réunis dans un dossier thématique, qui peut inclure aussi des études linguistiques; celles-ci peuvent porter même sur des sujets libres.
Ponti/Ponts est une revue en libre accès révisée par des pairs, qui se veut un haut lieu de rendez-vous des cultures francophones: du Québec et du Canada à l’Afrique subsaharienne, de la Belgique aux Caraïbes, du Maghreb à la Suisse et au Val d’Aoste, aux autres îles francophones dispersées partout dans le monde, toute la francophonie est conviée à cette rencontre, qui en est une de connaissance, de reconnaissance, de confrontation.Chaque numéro de la revue, qui paraît une fois par an, présente des études critiques, des textes de création et un vaste répertoire de notes de lecture concernant les œuvres linguistiques, littéraires, culturelles des différents espaces francophones. Les essais critiques et les textes de création sont réunis dans un dossier thématique, qui peut inclure aussi des études linguistiques; celles-ci peuvent porter même sur des sujets libres.
Sans ancrage syntaxique manifeste, à la croisée d’approches divergentes – rhétorique, énonciative, pragmatique –, et victime de son flou définitionnel, l’apostrophe nominale a jusqu’à présent trop peu retenu l’attention des linguistes. La profusion des désignations (vocatif, terme/nom d’adresse, apostrophe) témoigne de la diversité des domaines concernés, et souligne la difficulté de penser le nom support de l’interpellation comme un objet de recherche à part entière. Cet ouvrage vient défricher ce terrain scientifique. Le statut fonctionnel atypique de l’apostrophe nominale, sa syntaxe interne, sa distribution, la conversion pragmatique et énonciative qui la caractérise sont interrogés. Son rôle dans la construction coénonciative est précisé : elle met en scène, au-delà de l’allocutaire, la relation de l’interpellant à l’interpellé. Enfin, la dimension adressée des discours est rapportée à la textualité, l’apostrophe s'avérant un élément essentiel de la structuration textuelle. Son comportement tout à fait singulier, dont le titre de cet ouvrage rend compte, invite à repenser de manière plus extensive la notion de...
XVIIe siècle. Aux Antilles. C’est la nuit sur une plantation où se déroule une veillée mortuaire. Un vieux-nègre esclave entre dans le cercle des flambeaux. Dès ses premiers mots, il se métamorphose en « maître-de-la-Parole ». Comment ce vieil homme a-t-il pu s’ériger en père fondateur de la littérature des Amériques ? Quels sont les secrets de cet improbable résistant à l’esclavage et à la colonisation ? D’où lui vient cette assignation à ne conter que la nuit, sous peine d’être transformé en panier ? Et pourquoi un panier ? Partant de l’extraordinaire émergence du conteur créole, Patrick Chamoiseau interroge son propre travail d’écrivain, sa mémoire intime et les mystères de la création. Quels sont les grands enjeux de la littérature contemporaine ? En quoi rejoignent-ils ceux de ce vieux maître-de-la-Parole ?... « Chaque création est une avancée de la réflexion, de la connaissance, du rapport désirant avec cet horizon sans horizon qu’est la Beauté. »
Visant à prolonger le débat suscité par la publication du manifeste « Pour une littérature-monde en français », Trajectoires et dérives de la littérature-monde. Poétiques de la relation et du divers dans les espaces francophones propose de saisir créateurs associés à la « périphérie » dans une nouvelle dynamique transversale, transnationale, indépendante de la médiation d’un centre dominant. C’est dire que la « littérature-monde », tout en mettant en cause les dispositifs traditionnels des systèmes et des champs inhérents aux configurations littéraires nationales, cautionne le renforcement d’un espace inter-systémique d’échanges dans lequel les aires francophones de la périphérie nouent entre elles des relations aussi bien institutionnelles que discursives. Affranchie de tout impérialisme culturel, la littérature-monde cherche de la sorte à promouvoir des pratiques inclusives d’insertion et de communication entre littératures dans l’optique d’un échiquier réorganisé du monde des lettres. Elle s’attaque au mythe du monolithisme culturel, se veut une critique de l’état actuel élitiste du domaine littéraire centriste qui se...
Marie-Célie Agnant explore et brise les silences de l’histoire, celle des femmes, celle du racisme et de l’esclavage, celle des injustices et de l’impunité. Haïtienne, québécoise, canadienne et immigrante, latino-américaine, elle est représentative des lettres francophones du XXIe siècle par les influences culturelles multiples, métisses, qu’elle a reçues, par les thèmes qu’elle aborde et par la façon dont elle les approche. Douze auteurs d’Amérique, d’Europe et de l’Île Maurice posent sur son oeuvre des regards diversifiés et interrogent avec l’écrivaine diverses zones d’ombre dans l’histoire haïtienne et universelle. Ces études rendent compte de la complexité de l’oeuvre d’une écrivaine que l’on pourrait dépeindre comme indicatrice de la mémoire vivante ou occultée de son pays d’origine. Ont participé à ce volume : Colette Boucher, Beatriz Calvo Martín, Roseanna Dufault, Kumari Issur, Lucie Lequin, Scott W. Lyngaas, Carmen Mata Barreiro, Françoise Naudillon, Lucienne J. Serrano, Thomas C. Spear, Joëlle Vitiello et Heather A. West.
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