La figure de Didier Daurat, non seulement domine l'aviation commerciale — cette prodigieuse entreprise, qui caractérise si bien notre siècle de progrès — mais aussi évoque le chef redoutable et redouté de l'Aéropostale, le patron de Mermoz, de Guillaumet, de Saint-Exupéry, le Rivière de Vol de nuit. Il appartenait à Marcel Migeo, qui nous a déjà donné un « Saint-Exupéry » salué unanimement par la critique comme la meilleure et la plus complète des biographies de l'auteur de « Terre des hommes », d'écrire ce livre sur Didier Daurat. Il l'a fait, avec cette conscience, cette lucidité et cette sincérité qu'ont appréciées les nombreux lecteurs de son Saint-Exupéry. Autant que le récit d'une vie animée par l'action, par l'audace, par la force, qui pousse les êtres d'exception, l'ouvrage est une étude serrée, méticuleuse d'un caractère, une étude psychologique en profondeur. Cependant, le récit est vivant, émaillé d'anecdotes. Nous voyons Daurat évoluer dans un décor rude, aux prises avec des difficultés quasi insurmontables et souvent, solitaire, émerger d'événements dramatiques. Nous découvrons le chef autoritaire, dur, voire inhumain,...
L'ouvrage éclaire la manière dont se sont constituées, au XVIe siècle, les poétiques de la Renaissance française. Il fait le point sur les théories qui les fondent, il apprécie la façon dont les auteurs définissent la place de la poésie parmi les autres «disciplines», conçoivent leur nature et leur inspiration, envisagent leur mission au sein de la société et élaborent un langage qui leur est propre, tout en empruntant à leurs devanciers, ainsi qu'au monde des arts, certaines de leurs stratégies. Une équipe internationale et pluridisciplinaire s'est attachée à examiner comment cette nouvelle poétique française s'est développée, non sans débats parfois ardents, à partir d'un double héritage : une tradition nationale, aujourd'hui couramment désignée sous le nom de rhétorique se-conde, et l'humanisme du Quattrocento italien. L'ouvrage fournit à ceux qui étudient la Renaissance, mais aussi, plus largement, à tout chercheur intéressé par des questions de poétique générale, une sorte de panorama génétique des idées sur la poésie conçues à cette époque-charnière de la «pré-modernité».
Après la publication de son premier imprimé en 1469, Venise devient en quelques années la première productrice de livres en Europe. Il s’agit d’un métier neuf qui se développe hors des cadres institutionnels des corporations. Les livres produits se retrouvent dans toutes les bibliothèques d’Europe. Ces imprimeurs qui ont fait le succès de Venise sont pour la plupart d'origine étrangère. Ils sont Allemands d’abord, avant l’arrivée d’autre communautés dans cette industrie. Ce sont des marchands et des artisans en provenance de toute l’Europe et d’une partie de la Méditerranée orientale. Au-delà des échecs, beaucoup se sont intégrés dans la ville, sa géographie, sa sociabilité, et ont construit une nouvelle industrie du livre au cœur de l’Europe. Catherine Kikuchi est membre de l’École française de Rome depuis septembre 2017. Élisabeth Crouzet-Pavan a dirigé sa thèse en histoire médiévale à l’université Paris-Sorbonne. Elle a enseigné à l’université de Versailles Saint-Quentin. Elle est co-fondatrice et contributrice du blog Actuel Moyen Âge qui a donné lieu à la publication d’un livre sous le même titre en novembre 2018.
Ce livre reconstitue les mécanismes humoristiques de la vie politique romaine, entre la seconde moitié du IIIe s. a.C. et la fin du principat de Domitien, dans le but de montrer les adaptations du risum mouere face aux changements politiques et sociaux intervenus durant cette période. Il s’agit de dépasser une lecture centrée sur le rire de l’homo urbanus et du bon orateur, proposée par Cicéron et Quintilien, pour lui préférer une lecture historicisée et combinatoire qui considère les orateurs, les traits d’esprit, les auditoires et les causes politiques comme un tout à l’agencement variable de ce que les Modernes nomment l’« humour politique ». Scrutant les divers contextes politiques de cet humour, cette recherche souligne le passage, selon des rythmes syncopés résultant d’un repli de la causticité aristocratique face à César mais qui perdure à l’époque triumvirale, d’un « faire rire » frontal articulé autour du succès oratoire vers un humour fondé sur l’anonymat des correspondances, des graffitis ou des chants du triomphe. La dernière partie de l’ouvrage, centrée sur le Ier s. p. C., part de l’opposition établie par les sources ...
Les lectures humanistes des représentations naturalistes antiques des origines de la civilisation imposent un nouveau regard sur la condition primitive de l’humanité. L’idéalisation de la vie édénique et l’exaltation de l’âge d’or se voient préférer la description de créatures mi-bêtes mi-hommes qui prouve les progrès accomplis par l’humanité depuis ses débuts obscurs. L’ouvrage analyse quatre modalités du primitivisme de la Renaissance : les appropriations de l’anthropologie lucrétienne dans la poésie néo-latine du Quattrocento ; la sécularisation des descriptions des origines et les diverses déclinaisons des âges de l’humanité dans l’écriture historique ; l’usage des mythes des genèses comme fondement des savoirs dans les traités moraux et politiques ; enfin, l’invention, spécifiquement italienne, d’un bon sauvage européen, issue de l’observation des peuples du Nord.
L’Aéropostale... quinze mille kilomètres, par-dessus les tempêtes d’Espagne, les sables hostiles du Sahara, l’Atlantique-Sud inconnu, les forêts vierges du Brésil, la pampa argentine, la cordillère des Andes enfin, où le frêle avion de bois, de toile et de colle, devra se hisser à 5 000 mètres d’altitude pour atteindre Santiago du Chili, sur le versant Pacifique. Tout cela avec des « coucous » qui ne dépassaient pas les 120 kilomètres à l’heure. C’est l’extraordinaire aventure de la ligne France-Amérique du Sud inventée par Pierre-Georges Latécoère et bâtie par Didier Daurat, celle de tous leurs compagnons anonymes : pilotes, mécaniciens, administrateurs, employés... De la rencontre de trois hommes et d’un avion en 1917, en pleine Grande Guerre, au premier courrier « cent pour cent aérien » qui, en mai 1930, portera en quatre jours et demi 120 kilogrammes de lettres de Toulouse à Santiago, c’est l’histoire incroyable et pourtant rigoureusement authentique des treize années qui firent de l’aviation commerciale ce qu’elle est aujourd’hui.
Comment faire le portrait de l'auteur du Petit Prince, de Terre des hommes et de Vol de nuit ? Du héros de l'Aéropostale, aventurier séducteur, l'un des hommes les plus complets du XXe siècle, dont son ami Léon Werth disait qu'" en lui, tout était lié : maths, biologie, poésie des espaces, d'un tableau de bord ou d'un drôle de bistrot, amour de Pascal, tours de cartes " ?Homme d'action, prisonnier d'une carcasse qu'il n'aimait pas et qui lui valut le surnom de " Pique-la-Lune ", Saint Exupéry fut d'abord un enfant surprotégé par un aréopage féminin dans la propriété de Saint-Maurice de Rémens, au sud de Lyon. Toute sa vie, il recherchera la compagnie des femmes : amies, amantes, mère, épouses... inspiratrices. Louise de Vilmorin, qu'il ne sut retenir. L'éruptive Consuelo. Mais aussi l'invisible Hélène de Voguë, dont les biographes ne parlent guère, rencontrée en 1927 au Bal des Petits Lits Blancs, et qu'il ne délaissa jamais...Toujours, " Saint Ex " sut trouver un giron compréhensif ou l'épaule solide d'un de ses rares amis, Guillaumet ou Mermoz, avec qui partager risques et bonnes fortunes, auxquels il se confiait...Bernard Marck raconte la vie courte, ...
Ici parle celui que deux générations de pilotes ont appelé Monsieur Daurat, le “patron” de l’Aéropostale, le Rivière de “Vol de Nuit”, celui qui sut discerner les dons extraordinaires d’un Guillaumet, d’un Mermoz, et faire de l’exactitude une règle absolue au service d’un seul maître : le Courrier. Didier Daurat parle en son propre nom, certes, mais ce ne sont pas là d’égoïstes mémoires. Comment séparer les “gestes” d’une épopée qui prend naissance aux ateliers Latécoère à Toulouse, passe par l’Espagne, où les pilotes de 1920 sont accusés d’espionnage, traverse le Maroc où les Maures accueillent les avions à coups de fusil, rejoint Dakar, conquiert l’Amérique du Sud, puis unit les deux tronçons Toulouse — Dakar et Natal — Buenos-Aires, affirmant au monde la vaillance de nos hommes et de nos appareils. Didier Daurat ayant connu, après l’Aéropostale, les débuts d’Air-Bleu, puis d’Air-France, ce pionnier ne peut s’empêcher de confronter son expérience ancienne et son rôle à la direction du centre d’Orly. Ni le balisage par plots au sodium, ni l’extrême complexité des rouages administratifs de cette grande ...